Une lecture coup de poing.

Cette histoire est celle de Khalil Yassin, un adolescent âgé de dix-sept ans qui vit avec son frère, Amir, vingt-deux ans. Leurs parents, des immigrés, sont retournés en Bosnie il y a des mois — leur pays d’origine — pour s’occuper de leur famille et les ont laissés se débrouiller seuls aux États-Unis. Livrés à eux-mêmes, les jeunes garçons essaient tant bien que mal de tout gérer. Mais la situation est aussi catastrophique que précaire et malgré l’argent que l’aîné parvient à ramener au foyer grâce à son emploi chez un loueur de voitures, ce n’est pas suffisant pour qu’ils s’en sortent et vivent convenablement. D’autant qu’Amir, à la différence de Khalil, n’est pas né en Amérique. Et, suite à un vol à l’étalage, il a été décidé que sa présence sur ce sol était illégale. Pour ne pas qu’il soit rapatrié dans son pays et parce qu’ils ne veulent pas être séparés, ils vont quitter leur logement pour un taudis et vivre cachés, dans des conditions difficiles. Ils continueront à mener leur quotidien comme d’habitude et personne ne sera au courant de rien. Seulement, peu à peu, l’un des deux frères va changer d’avis sur ce pays aux opportunités et possibilités soi-disantes infinies, et va se radicaliser. Déchiré entre l’amour pour Amir et celui qu’il ressent pour son pays, Khalil va commencer à se poser des questions. Et si l’Amérique n’était pas la terre d’accueil qu’elle paraît être ? Et si les siens n’étaient finalement jamais acceptés parmi les autres ? Tout va très vite déraper et la situation va finir par échapper à son contrôle.

Je vous le dis tout de suite mais cette lecture ne m’a pas laissée indifférente. On plonge dans un univers dur et cruel où l’islamophobie et le racisme sont monnaie courante : il s’agit bien sûr du nôtre. Djihad online est un roman sombre, marquant et très intéressant qui aborde de nombreux thèmes forts et importants : le terrorisme, la religion, la haine de l’autre, la manipulation, la violence, la vengeance, les préjugés, la guerre, la radicalisation, la famille. C’est une lecture coup de poing qui permet au lecteur de découvrir des choses, d’apprendre au fur et à mesure de l’avancée du récit, et, forcément, de s’interroger. Grâce à cette œuvre, j’ai pu sortir des sentiers battus et de mes genres de prédilection habituels. Et ce fut une bonne surprise. Néanmoins, et je dois bien l’admettre, je m’attendais à quelque chose de plus.. poignant ? Certes l’histoire ainsi que son fond sont atroces — l’auteur critique et dénonce — seulement, à mon sens, il manquait un petit quelque chose. Après tout, il s’agit d’un roman jeunesse.. Les chapitres, courts (environ quatre / cinq pages chacun), aidaient à garder un rythme soutenu. C’était bien, c’était fluide, c’était entraînant, c’était plein de choses. Mais d’un autre côté, on a l’impression que c’est survolé, que c’est dépourvu de détails, que ce n’est pas assez approfondi, que tout s’enchaîne (trop) vite. Dommage, je me retrouve avec un avis mitigé.

En ce qui concerne les personnages, j’ai bien aimé Khalil, ce jeune américain qui mène une vie compliquée et qui fait de son mieux pour préserver les apparences quand il va au lycée, que ce soit auprès des autres élèves, de ses amis, ou encore du personnel éducatif, puisque certains se posent des questions. Gentil, intelligent et attachant, l’adolescent a su me toucher en plein cœur même si, je l’admets, certaines de ses (ré)actions me faisaient parfois tiquer. Il aime son pays, qui peut lui offrir un avenir. Son frère Amir, en revanche, prône un tout autre discours. Pour lui, c’est une évidence, l’Amérique et ses habitants ne les accepteront jamais. Et il faut leur faire payer, quitte à user de moyens radicaux et extrêmes. Quitte à s’embrigader et rejoindre des gens dangereux, prêts à tout pour se faire entendre, prêts à tout pour laisser une trace de leur passage. Il veut être quelqu’un, tout simplement. Pour les autres, il y a Vitaly, le copain du héros, que j’ai trouvé sympathique du début à la fin. Angie, quant à elle, m’a bien plu, cependant, je regrette son manque de développement. Le reste ne m’a pas émue ou intriguée, rien, nada.

Si vous cherchez une lecture qui peut vous amener à une prise de conscience, n’hésitez surtout pas. Merci aux éditions Page Turners pour l’envoi de ce livre. C’est le premier SP de l’année 2020, ça commence bien, et j’ai hâte de voir ce que la suite va bien pouvoir donner ! ♥

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