Une fin de Saga parfaite

Comme beaucoup, j’ai découvert Leigh Bardugo avec sa duologie Six of Crows qui fut un véritable coup de cœur. Difficile de faire mieux après ça, d’autant que Grisha a été écrit avant, avec une plume forcément un peu moins expérimentée. C’est avec un immense plaisir que j’avais retrouvé cet univers même si je dois bien l’avouer, tout en prenant plaisir à ma lecture, je ne retrouvais pas la perfection de Six of Crows. Les deux premiers tomes de Grisha m’ont offert de bons moments de lecture, mis c’est avec ce troisième tome que j’ai retrouvé tout ce qui me plaisait dans les romans de Leigh Bardugo. Ce final était parfait !
Plusieurs semaines se sont écoulées depuis qu’Alina a affronté le Darkling et qu’elle est ressortie exsangue de ce combat. Elle a trouvé refuge dans les souterrains qui courent sous le pays auprès de l’apparat, cet homme fanatique qui a construit peu à peu le personnage de la sainte Invocatrice de Lumière. Privé de lumière justement, la jeune femme ne parvient pas à retrouver ni son pouvoir ni ses forces, et le prêtre utilise cette faiblesse pour la maintenir en captivité. Ses contacts avec les derniers Grisha et avec Mal sont étroitement surveillés et Alina sait qu’au moindre signe d’insubordination, l’apparat n’hésitera pas à se venger sur eux. Le Darkling a lui aussi survécu à l’affrontement et la jeune femme espère qu’il en est de même pour Nikolaï. La puissance du Darkling semble inégalable et la jeune femme n’a d’autre choix que de chercher le troisième amplificateur, l’oiseau de feu, même si elle se doute que le prix à payer sera bien plus lourd que ce qu’elle n’est prête à mettre.
Contrairement à beaucoup de roman avec des héroïnes emplies de certitudes, L’Oiseau de feu nous donne à voir une Alina terriblement seule et fragile. Son pouvoir si unique l’isole toujours des autres, tant des humains sans pouvoirs, que des Grishas. Elle oscille entre volonté d’être libérée de ce pouvoir et avidité empreinte de culpabilité à s’en servir. L’autrice montre l’envers de la médaille : les pouvoirs d’Alina ou du Darkling leur imposent une vie solitaire, une vie qui ne sera jamais celle du commun des mortels. Même Mal, son amour de toujours, se révèle incapable de supporter son pouvoir.
Le roman est empreint d’une certaine mélancolie, reflet de l’état d’esprit des différents personnages qui réalisent peu à peu que s’ils veulent l’emporter, il leur faudra accepter de terribles pertes qui pourraient bien les détruire.
« La perte. C’était le prix que le monde avait demandé pour retrouver son équilibre. »
Alina apparaît de plus en plus seule et tout au long du roman on se demande si une vie est possible pour elle après ce dernier combat. Il est de plus en plus difficile pour la jeune femme de savoir si elle peut être aimée pour ce qu’elle est et non pas pour ce qu’elle pourrait faire. Elle aspire à mener une vie simple mais réalise que ses rêves ne sont pas compatibles avec le rôle d’invocatrice de lumière. « Peut-être que l’amour n’était qu’une superstition, une prière récitée pour tenir à l’écart l’inévitable solitude. » On sent avec ce dernier tome que l’écriture de Leigh Bardugo s’est affinée et a gagné en puissance. L’univers est plus sombre, les enjeux politiques et psychologiques sont plus présents et une certaine tension dramatique est présente tout au long du roman, nous faisant craindre qu’il n’y ait pas de fin heureuse.
Le roman mêle habilement actions et réflexions sur le statut des différents personnages. Les personnages principaux et secondaires sont extrêmement travaillés, tout en nuances et en authenticité et leurs interactions sont d’une grande richesse. L’autrice parvient à nous faire détester le Darkling et sa cruauté tout en nous faisant éprouver de la compassion pour ce personnage. L’intrigue avance et sort des sentiers battus, nous offrant de nombreuses surprises.
Si les deux premiers tomes de cette saga étaient bons, c’est avec L’Oiseau de feu que la saga gagne toutes ses lettres de noblesse. Leigh Bardugo a composé un récit avec une intrigue qui réserve de nombreuses surprises, autour de personnages d’une grande profondeur, le tout baigné dans une ambiance immersive qui ne nous lâche pas. C’est avec une certaine tristesse que j’ai refermé ce roman sur une fin douce-amère mais finalement, parfaite.

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