Une dystopie fascinante à l’ambiance creepy.

L’histoire se déroule dans un Londres du futur, en l’an 2045 précisément, alors que la société est divisée en deux clans bien distincts. D’un côté se trouvent les Purs (les anglais d’origine) qui constituent l’élite. Ce sont des êtres qui se pensent supérieurs aux autres et qui n’hésitent pas à le montrer, par la force s’il le jugent nécessaire. De l’autre figurent les Bâtards, qui représentent le reste de la population et qui sont réduits en esclavage : parmi eux il y a les étrangers, les immigrés et les minorités ethniques. Ils sont en bas de l’échelle et n’ont plus aucun droit, sinon celui de subir en silence. Les bons emplois leur sont refusés, de même que les accès aux soins et à l’éducation. Ils ne servent à rien, ils n’éprouvent pas le moindre sentiment, et il leur arrive souvent d’avoir des réactions imprévisibles, colériques. Il paraît. Concrètement, ce sont les déchets de l’humanité et ils sont traités tels quels.. parfois pire. Aussi, afin de distraire les oppresseurs et les dominants, un Cirque de l’horreur a été créé. Le but ? Enrôler de jeunes enfants et les entraîner pour qu’ils puissent participer au show et mourir de façon spectaculaire. C’est dans ce contexte que nous suivrons Ben, fils de ministre, et Hoshiko, funambule et artiste vedette.

Je vous le dis tout de suite mais j’ai beaucoup aimé cette œuvre. Plusieurs thèmes sont abordés et on parle de racisme, de la cruauté de l’homme envers autrui, d’oppression, de discrimination, de politique, et de tant d’autres choses encore. C’est terrifiant et effrayant de voir jusqu’où quelqu’un est capable d’aller, simplement par haine. Quand on découvre quels traitements sont infligés aux jeunes du Cirque et aux Bâtards en général, quand on réalise à quoi ressemblent leurs vies et leurs quotidiens, quand on comprend qu’ils ne peuvent pas y échapper, ça donne la chair de poule. Le monde dans lequel évoluent nos héros est dangereux et j’ai, à de nombreuses reprises, été mal à l’aise. L’ambiance globale était sombre, abominable, et plus les pages passaient, plus le cauchemar prenait de l’ampleur. C’était merveilleusement bien décrit. De plus, les courts chapitres facilitaient la lecture et le rendu était fluide, dynamique.

Parlons maintenant des protagonistes. Bien évidemment, nous avons Benedict Baines — autrement appelé « Ben » —, le héros du récit. Son éducation l’a rendu égoïste, tête à claques. Il se croit au-dessus des autres et il est persuadé que les Bâtards (en dehors de Priya, une domestique) sont dangereux, incapables de se contrôler. Il est détestable et son évolution, bien trop soudaine pour être crédible, m’a horripilée. C’était mal amené et ça sonnait creux. C’est dommage de se dire que, à un moment, il était comme tout le monde, et en un claquement de doigts, le voilà devenu quelqu’un d’autre. Quelqu’un de foncièrement choqué par ce qui l’entoure. Quelqu’un qui comprend que le monde a mal tourné et que les êtres mauvais ne sont pas forcément ceux auxquels on croit. Quelqu’un de gentil qui veut que justice soit faite. Il a ouvert les yeux dès l’instant où il a aperçu le personnage féminin principal, et c’était bien trop cliché pour me convaincre. Hoshiko, quant à elle, était bien plus intéressante. Esclave depuis sa plus tendre enfance, cette jeune femme sait que le milieu dans lequel elle a atterri ne laisse pas sa place à la faiblesse. Elle essaie donc de se montrer forte, aussi bien pour elle que pour les autres, qu’elle veut protéger. Elle est dotée d’une détermination à toute épreuve et d’un courage énorme. Elle a du caractère et ne se laisse pas faire. Cependant, ce dernier trait m’a embêtée. Non pas que ce soit mal. Disons simplement que, parfois, ça relevait de l’imbécilité. Elle sait qu’elle doit s’écraser et ne pas se faire remarquer, et pourtant, elle tient tête à son bourreau. Forcément, ça la met en danger. Mais, à plusieurs reprises, ça allait tellement loin que ceux qu’elle voulait préserver finissaient par être impliqués. Nous avons aussi Silvio Sabatini, le directeur du Cirque, que j’ai aimé autant que j’ai détesté. Cruel, mégalomane, fou et diabolique, voilà un psychopathe qui joue très bien son rôle. À un moment on en apprend un peu plus sur lui, sur ses origines, et cette petite touche a apporté quelque chose à l’histoire, c’était sympathique. Nous faisons également la connaissance de Vivian Baines, la mère du héros, légèrement tordue sur les bords. Ministre du contrôle des Bâtards, c’est une femme qui est payée pour trouver de nouveaux moyens de les torturer. Elle les hait du plus profond de son âme et les méprise comme s’ils n’étaient rien. Seulement, ils existent, et ça lui pose problème. D’autres protagonistes ont su me toucher parmi lesquels Amina, vingt ans ; et Greta Bukoski, six ans. D’autres sont en arrière plan et ne servent pas à grand-chose, comme Francis ou Roger.

Je le répète mais j’ai adoré ma lecture. Les personnages, imparfaits, avaient leurs failles, leurs défauts et leurs faiblesses. L’intrigue était plaisante et l’ambiance creepy m’a envoûtée. J’aurai aimé en savoir plus sur, par exemple, les parents de Hoshiko, mais un deuxième tome a déjà été écrit. Peut-être que ? Et puis cette couverture.. Si je devais parler de ce qui a, pour moi, été le gros point noir de l’œuvre, je citerai l’amourette, qui n’apporte rien et qui ne sert à rien. J’ai déjà parlé de Ben, mais Hoshiko, qui l’a détesté un moment, a fini par craquer également. Juste, pourquoi ? Ce n’était pas nécessaire et là aussi ça avait l’air faux. Quoi qu’il en soit, merci aux éditions Page Turners pour l’envoi de ce bouquin et pour la confiance qui m’a été accordée. C’était le dernier SP de 2019 et, comme vous pouvez le constater, on finit sur une belle pépite ! ♥

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